Vestiges d'un poste de chasse dans le Massif des Costes (13)

La détection n'est pas la seule de mes passions (bien que maigrement récompensée...).
Outre la randonnée, la moto, le tir à l'arc, je suis chasseur de petit gibier (pigeons, grives) et je pratique un mode de chasse très provençal: la chasse au poste à feu.
Explication en quelques mots: chasser les oiseaux à l'affût dans une installation édifiée dans ce but, sur des lignes de migration, avec des arbres propices à la pose des oiseaux attirés par des appeaux.
Cette passion m'a conduit à plonger dans un passé relativement récent et d'inventorier les installations très anciennes, souvent à l'état de vestiges.
Très souvent il s'agit de "postes" datant de la fin du XIXe et/ou du début XXe siècle?
S'agissant de ce poste du Massif des Costes, il m'a fallu pénétrer dans une propriété privée (sans autorisation, je le confesse...).
Mais que voulez vous, la curiosité du chercheur a été la plus forte et puis, je ne faisait que photographier et prendre des mesures.
Donc une démarche que l'on pourrait qualifier d'archéologique, c'est ça: de l'archéologie cynégétique !
Pour mener à bien, j'ai demandé à ma soeur, aquarelliste, de m'aider à reconstituer ce petit patrimoine dans son cadre.

Voilà, la présentation du sujet est faite, à vous de me dire si je dois continuer...

Bien sur, il faut continuer.

Merci Le Nain.
Donc je continue (comme on dit souvent dans les videos sur la détection...)

Il est, à l'extrémité Est de la chaîne des Alpilles, mais bien distinct de celle-ci, un petit massif montagneux couvert de pins, de chênes verts, de chênes rouvres, de chênes kermès et de genévriers.
Ce petit massif qui culmine à près de 400 m, c'est  le massif des Costes, prolongement de la chaîne du même nom.
Les cultures sont peu nombreuses et cantonnées dans les vallées: vignes, oliviers et fruitiers.
Il est sillonné par de petites routes très pittoresques.
Très peu peuplé, il compte 5 communes situées en majorité sur son périmètre.
C'est un vrai petit paradis, relativement peu fréquenté,  pour les randonneurs, VTT et chasseurs.



... à suivre...

Merci pour le sujet , pour ma part j'ai restauré par le passé deux postes de chasse (tour en pierres) que beaucoup prenaient pour d'anciens moulins.

PAT13 a écrit:Merci pour le sujet , pour ma part j'ai restauré par le passé deux postes de chasse  (tour en pierres) que beaucoup prenaient pour d'anciens moulins.

Tu n'en as pas des photos ?

... suite:

5 juin 2021



     Ce matin là, parti pour une petite virée en moto dans le Massif des Costes, je décide de prendre la petite route qui relie le village de Vernègues à la route Pélissanne - Lambesc.
J'avais noté, depuis longtemps,  la présence au milieu des vignes, d'une éminence, une sorte d'îlot, couronné de pins et de broussailles. J'y devinais une vague construction, cylindrique, me semblait-il, ainsi que deux réservoirs maçonnés.
De la route, impossible d'en savoir davantage. Mon instinct de chasseur au poste me soufflait dans l'oreille que compte tenu de la situation plus que favorable de cette éminence, des grands pins très attractifs, il pourrait bien y avoir là un poste...

Afin d'en avoir le cœur net, nous décidons, mon épouse et moi-même de nous rendre sur place.
C'est un domaine privé dont le chemin d'accès est bardé de panneaux peu encourageants.
Bon ! il ne s'agit que de faire quelques photos, de prendre les dimensions et de faire quelques croquis.
Nous prenons soin de suivre soigneusement les chemins jusqu'au tertre.
Et puis, nous agissons, en quelque sorte, pour une noble cause: l'inventaire du petit patrimoine cynégétique provençal ..................................................................................................



Nota: le nom de la propriété a été masqué par mes soins pour ne pas donner aux malfaisants l'occasion de se livrer au vandalisme.

Raphael13 a écrit:

PAT13 a écrit:Merci pour le sujet , pour ma part j'ai restauré par le passé deux postes de chasse  (tour en pierres) que beaucoup prenaient pour d'anciens moulins.

Tu n'en as pas des photos ?

Hélas non , désolé .

La suite:

Au fur et à mesure que nous nous rapprochons, les choses se précisent. Il s'agit bien d'une construction en maçonnerie, apparemment sans toit, avec, à l'intérieur, un poteau qui dépasse...

Quelles preuves qu'il s'agit d'un poste de chasse et pas d'un abri de berger ?

Attends et tu comprendras..... Keep cool (c'est de saison !)

... un indice, tout de même. Regarde la fenêtre de près.... ça a tout d'une ......... !

Mmoui, comme je suis une taupe, je ne vois rien, et ça veut dire quoi le truc en anglopithèque ?

Tu dois bien utiliser Reverso ou bien un dico Anglais-français... Allez, un effort !!!

... suite, dans laquelle on constatera qu'il ne s'agit pas de quelque abri de berger...


Voilà, nous y sommes ! C'est bien un poste de chasse, en mauvais état, dépourvu de son toit; serré d'un peu trop près par un pin.
Le poteau central devait, vraisemblablement, soutenir un toit conique aujourd'hui disparu.
Il a conservé sa porte, équipée d'une meurtrière, les fenêtres, ébrasées vers l'extérieur, ont également, presque toutes, conservé leur volet muni d'une meurtrière.
Contre la paroi, les restes d'une petite cheminée hélas détruite.
Le sol est recouvert de pierres, de gravats, de débris de tuiles et de branches.
A noter, à proximité du poste, la présence d'une citerne désaffectée, creusée dans le sol, ainsi que deux bassins cimentés contenant de l'eau.
Reste le problème de la datation de cette construction. Ce type de poste "bourgeois" nécessitait de disposer de quelques moyens financiers. Je pencherais volontiers pour la fin XIXe, début XXe siècle.

- Revue de détail: la porte :

La porte, de couleur verte à l'origine, est encore en bon état.
Elle comporte une meurtrière et son volet d'origine.

- Meurtrières et cheminée:

Le poste, outre la meurtrière de la porte, comporte 3 fenêtres, encore munies de leur volet percé d'une meurtrière obturable chacune par un panneau de bois ou de métal toujours en place.
Une petite cheminée de section semi circulaire est, hélas, détruite.


La petite cheminée:

Je sais bien que je suis un emmerdeur de première, mais je ne suis toujours pas convaincu. Que tire t-on de cet abri ? Le champ de vision me paraît fort limité. Pourquoi une cheminée ? Pour dire au gibier qu'il y a du monde ?

Mon cher Le Nain, tu te déprécies, tu n'es pas un emmerdeur de première, tu es, et je te le dis avec une certaine admiration, hors catégorie !!!
Avant de continuer, il faut que j'explique:
- c'est un mode de chasse ancestral: l'homme bâtit une cabane de branchage pour se dissimuler aux sens du gibier. Ici en l'occurence, des oiseaux: pigeons, grives et petits oiseaux (interdit aujourd'hui).
- dans le cas présent, les meurtrières (ébrasées vers l'extérieur) donnaient chacune sur un ou plusieurs arbres de pose, aujourd'hui disparus, disposés à distance de tir, tout autour de l'édifice. Les pins que nous voyons aujourd'hui n'étaient pas là à l'époque.
- La cheminée était là pour réchauffer le café du matin (arrivée au poste à la nuit), et aussi pour se réchauffer les matins de grand froid. La fumée n'effraie pas les oiseaux qui ne possèdent quasiment pas d'odorat.
- ce système de fenêtres-munies de meurtrières est ingénieux: quand le temps de la chasse est passé, il permet d'utiliser le poste comme un cabanon, au calme, où on peut venir s'installer pour lire et à la belle saison y réchauffer un repas champêtre...
- ce type de poste est une évolution de l'abri en branches. Il fallait être aisé et posséder des terres pour en faire bâtir un. On dira que c'est un poste bourgeois.

Voici un poste de chasse qui me paraît plus rationnel, avec de nombreuses ouvertures. Mais je veux bien te croire, je n'habite pas la région et ignore tout de ses coutumes.

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Oui, je connais ce type de poste, avec pièce à vivre à l'étage et chambre de tir en bas. Propre à la région marseillaise.

He bien, problème technique... ça a "buggé", j'ai perdu la suite....

Acharné je suis !!!

Je recommencerai plus tard.

Un post très intéressant, merci Raphael13, cela n'existe pas du tout dans ma région (Franche-Comté, j'ignore volontairement la Bourgogne ! J'aurai préféré être rattaché à l’Alsace, ce qui aurait plus proche du territoire des séquanes,mais il est vrai que plus tard, des rattachements se sont également fait avec le duché de Bourgogne ).

N'étant pas très doué pour la peinture, j'ai fait appel au talent de ma sœur Joëlle, aquarelliste.
Je tiens à la remercier pour la patience dont elle a fait preuve ! Tantôt il n'y avait pas assez d'arbres; ou bien trop proches du poste... Là, on aurait dit un arbre fantôme... etc....

Finalement, je me suis, enfin, décidé à être satisfait ! Ça rend bien l'atmosphère de ce petit vallon avec son poste au milieu des vignes, entouré d'arbres de pose. Alors merci à toi, ma sœur, j'aime !

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