La troisième pâtée.

Tout à nos petites querelles sur un lieu mythique dont la localisation reste soumise à variation saisonnière, nous avons loupé l'anniversaire d'une défaite mémorable dont le lieu, lui, est parfaitement connu et ne fait aucun débat.

Le 25 octobre 1415, les armées française et anglaise se font face une fois de plus, 18.000 hommes contre 6.000 d'après les calculs des historiens. L'armée française est encore une armée féodale, de grands barons amènent leurs troupes à l'ost royal et ont beaucoup de mal à se faire obeir par un commandement disparate et désuni.
En face se trouve une armée anglaise déjà nationale, composée de nombreux archers et de cavalerie lourde, commandée par un seul homme, le roi d'Angleterre, qui a pris la précaution de se retrancher à l'abri de pieux inclinés, ses flancs étant couvert par deux bois impénétrables à la chevalerie adverse. Il a plu, et le terrain est boueux à souhait, malaisé pour faire galoper des chevaux lourdement harnachés.

Dédaignant leurs arbalétriers, la chevalerie française charge dans un terrain où les chevaux glissent et se fait massacrer par les archers anglais. La première ligne recule et se heurte à la seconde , entraînant un foutoir monstre où les coutiliers anglais font un massacre et beaucoup de prisonniers. Un seigneur français, avec ses paysans, a pensé à contourner les lignes anglaises et pille les bagages du roi d'Angleterre. Celui-ci, convaincu d'être tourné, fait massacrer ses prisonniers, ce qui va à l'encontre des lois non écrites de la chevalerie. La troisième ligne française charge, et aboutit à un nouveau fiasco et tout ce qui reste se replie.

Les Anglais perdent 13 chevaliers et les Français 6000. Comme à Crécy, comme à Poitiers, la chevalerie française a fait la preuve de son indiscipline, de son allergie au commandement, et signera là sa fin. Charles VII en tirera les conséquences et bâtira notre première armée nationale avec les compagnies d'ordonnance et une grosse artillerie.

Et ce sera aux Anglais de souffrir et d'être bouté hors du royaume.

C'est la Bataille d'Azincourt, et ce n'est pas l'épisode le glorieux que nous ayons connus