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Scandale archéologique à Marseille ?

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Scandale archéologique à Marseille ? Empty Scandale archéologique à Marseille ?

Message par olivierh Mar 22 Mai - 2:42

(extrait d'un texte de JP Demoule, archéologue, que je vous conseille de lire in extenso) [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Scandale archéologique à Marseille ?



Une autre découverte très médiatisée de l’été 2017 aura été la carrière antique de Marseille, au lieu dit La Corderie. À cet endroit, sur 4.200 m2, l’entreprise Vinci a programmé la construction d’un immeuble de prestige. – cette même entreprise Vinci qui a obtenu, entre autres, à prix cassés sous le gouvernement Villepin la concession fort lucrative d’une bonne partie de notre réseau autoroutier payant, concession confirmée tout récemment par le gouvernement Valls, malgré quelques déclarations préliminaires contraires. Après les diagnostics de l’Inrap, la fouille excellemment menée par Philippe Mellinand (pour une fois, l’Inrap a obtenu la fouille) a révélé une vaste carrière de calcaire gréseux dit « de Saint Victor », exploitée par les Grecs de Marseille durant le 6ème siècle avant notre ère, c’est-à-dire le premier siècle d’occupation de la ville – avec quelques reprises limitées de l’extraction au 2ème siècle puis à l’époque romaine (voir l’interview de l’archéologue dans le journal La Provence du 10 août 2017).

Ce calcaire gréseux est friable, et n’a pu être utilisé que pour des fondations, de petites statues et surtout des sarcophages. L’intérêt historique de cette carrière est évident, car il permet de montrer les techniques d’extraction de l’époque. Dans un premier temps, le service régional du ministère de la Culture a proposé d’en geler 650 m2, les mieux conservés, qui seraient ainsi présentés au public, avec des panneaux et projections en 3D mis en œuvre par l’Inrap. Un gel de l’ensemble de la carrière risquerait en effet, le mistral aidant, de la transformer rapidement en dépotoir à ciel ouvert, comme on peut malheureusement le constater dans un certain nombre de lieux comparables en Grèce ou en Italie, par exemple – à moins de construire un improbable hangar de 4.200 m2. Y implanter un jardin serait contradictoire avec le projet de dévoiler au public la totalité de la carrière telle qu’elle subsiste avec ses traces d’extractions, et la fragilité de la pierre pose de toute façon des problèmes de conservation en plein air.

Pourtant, le projet à ce stade actuel a rencontré une opposition publique et médiatique comme il n’y en a jamais eu ces dernières décennies dans la ville, alors que des vestiges bien plus importants avaient été mis au jour – ne serait-ce que le cimetière médiéval de la rue Malaval, avec ses 240 tombes et sarcophages, dont la destruction au début des années 2000 avait ému jusqu’au préfet. Cette opposition est née de la rencontre de plusieurs intérêts convergents, bien que fort différents : quelques scientifiques de bonne volonté outrés devant des années de destructions du patrimoine archéologique marseillais, permises par la passivité sinon les intérêts des municipalités successives ; quelques autres réglant des comptes locaux (c’est humain, et parfois compréhensible) ; une opinion publique tout autant de bonne volonté et tout autant outrée ; des riverains, plutôt fortunés dans ce quartier, hostiles à ce qu’un nouvel immeuble de huit étages, même de prestige, leur gâche la vue ; et enfin le nouveau député marseillais, Jean-Luc Mélenchon. La présence de ce dernier n’est pas illégitime, même si le site n’est pas sur le territoire de sa circonscription, car il fut le seul à avoir pris en compte l’archéologie préventive (et ses actuelles dérives) dans son programme présidentiel, au contraire de tous les autres candidats. Mais il y a évidemment vu aussi l’occasion de faire un « coup » politique. Il n’est pas le seul. Le journaliste Franz-Olivier Giesbert, passé naguère du Nouvel Observateur au Figaro, vient de découvrir l’archéologie préventive dans un éditorial intéressé de La Provence, qui prend soin d’épargner Vinci et l’actuelle municipalité, mais s’acharne contre la ministre de la Culture.

Quant aux riverains, il est évidemment très classique que l’archéologie serve ainsi de prétexte – pour éviter l’expression de « prise en otage », abusivement utilisée à chaque fois qu’une grève perturbe des mécontents. Des habitants en général favorisés (il faut s’organiser, prendre des avocats, agiter les médias, actionner des réseaux) se découvrent tout soudain une passion pour l’archéologie locale et ses vestiges, et revendiquent haut et fort la préservation incontournable de notre patrimoine archéologique national. On a pu encore le constater tout récemment à Uzès, où de magnifiques (pour ceux qui aiment le goût romain) mosaïques ont été découvertes, puis démontées, à l’occasion de l’extension d’un collège. Comment ne pas comprendre la réticence de la bourgeoisie uzétienne à voir se multiplier le nombre d’adolescents dans ses paisibles rues ?

On ne sait pas encore comment finira l’affaire marseillaise. Soyons au moins rassurés pour Vinci : si d’aventure son opération immobilière était annulée, l’entreprise serait grassement indemnisée avec nos impôts. On ne pourrait que se réjouir de cette tardive prise de conscience marseillaise devant les destructions. Les premières fouilles de sauvetage menées en catastrophe dans les années 1960 dans le quartier de la bourse, révélant le fond du port grec, avaient rencontré l’hostilité déclarée du maire de l’époque, Gaston Deferre. L’attitude des municipalités successives n’a guère changé depuis lors, même si de grandes fouilles ont pu être menées ensuite par l’Afan puis l’Inrap depuis les années 1990. Faute de moyens adéquats, une part reste néanmoins à publier. Une bonne partie de ces fouilles avait cependant révélé des vestiges autrement plus importants et spectaculaires que ceux de la carrière grecque de La Corderie.

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Message par PAT13 Mar 22 Mai - 9:59

Malheureusement c'est partout pareil devant l'argent beaucoup de choses disparaissent laissant la place au profit .
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Message par Le Nain Mar 22 Mai - 10:46

C'est une ancienne carrière dont l'intérêt archéologique me paraît fort douteux. Autant je suis d'accord pour sauvegarder des choses remarquables, mais honnêtement, une ancienne carrière mérite t-elle d'être conservée ?

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