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De l'interêt de creuser ( même en généalogie )

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olivierh
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De l'interêt de creuser ( même en généalogie ) Empty De l'interêt de creuser ( même en généalogie )

Message par CHYVER Mer 27 Avr - 20:31

La généalogie, lorsque l'on se contente d'enfiler des séries d'ancêtres comme des perles sur un fil, ce n'est pas le top. L'important, ce sont les êtres humains, leur vie, leur métier, leurs exploits ( s'il y a lieu ) et leur fin...
Il faut donc essayer de creuser plus profond, chercher des informations complémentaires, en plus de la naissance, du mariage ou du décès des intéressés. Dans l'environnement, l'histoire, voire les statistiques !!. C'est le plus difficile ! les curés qui tenaient les registres paroissiaux n'étaient pas bavards. Mais en grattant un peu, on trouve des trucs....
Lisez le fichier ci joint ( au format PDF ) où se trouve le résumé des recherches que j'ai faites sur 3 enfants, frères et sœurs, décédés a quelques jours d'intervalle …. en 1765 ! J'y passe tout en revue : le climat, l'histoire, la médecine, les épidémies, le mode de vie de l'époque, pour savoir de quoi sont morts 3 des 14 enfants du couple JOUDON ( il s'agit d'ancêtres en ligne directe  ( 10 générations )
J'arrive à des conclusions logiques, certes, mais invérifiables !! Mais cette recherche était passionnante !! Ce qui accroît l'intérêt...et l'émotion !!
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Message par olivierh Mer 27 Avr - 20:56

je crois que le fichier PDF joint n'est pas passé. il faudrait que tu nous fasses des copier-coller en mode texte, ou des images des pages PDF...

_________________
Je connais un moyen de ne pas vieillir : c'est d'accueillir les années comme elles viennent et avec le sourire... un sourire, c'est toujours jeune
A cœur vaillant rien d'impossible
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Message par CHYVER Mer 27 Avr - 21:04

Que s'est il passé à Fresnay l'Eveque en 1765 ?

En étudiant la famille de Jacques JOUDON  (mon Sosa 592), vivant à Fresnay l'Evèque entre 1715 et 1778, j'ai découvert bien des évènements bizarres que j'ai entrepris d'identifier et tenté d'expliquer.

LA    FAMILLE   JOUDON

Jacques JOUDON, Homme de peine et meunier, est né le 1er Janvier 1715 à Santilly et décédé le 27 Janvier  1778 à Fresnay l'Eveque.

Il a épousé le 18 Novembre 1743 Elisabeth MESLAND, née le 4 Octobre 1725 à Fresnay l'Evèque.

Il a 28 ans et elle 18 ans. Ils auront 14 enfants !! La famille est de condition modeste : homme de peine, meunier, Jacques JOUDON travaille chez les fermiers de son village où il est « brassier », « manouvrier » et aussi dans un moulin, peut être celui de Levesville ou de Ymonville, ou un autre qui n'existe plus aujourd'hui ! La famille ne dispose que d'un seul salaire, Elisabeth est bien trop occupée par sa ribambelle d'enfants pour pouvoir travailler !! Peut être disposent-ils d'un lopin de terre, attenant à leur maison, et leur permettant de cultiver des légumes et d'élever quelques volailles ?

LES   ENFANTS   JOUDON

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Soit 14 enfants

L'examen critique de ce tableau nous amène à faire les observations suivantes :

Le plus énigmatique, ce sont les 3 décès consécutifs des 19, 21 et 22 septembre 1765 de Louis ( 7 ans ) Etienne (15 ans) et Pierre ( 9 ans ). Bien entendu, sur les causes de ces décès, aucun indice dans le registre paroissial. La famille, juste avant les 3 décès, est composée de 8 enfants. 3 sont décédés auparavant. Après les décès de Louis Etienne et Pierre, il restera Marguerite (17 ans) Jacques et Pierre, jumeaux de 13 ans, François 5 ans et Catherine 3 ans !

9 enfants sur les 14 de la famille sont décédés en bas âge. Même si les taux de mortalité de cette époque étaient effarants, ils n'atteignaient que rarement ce niveau. Les démographes estiment qu'un enfant sur 2 en moyenne n'atteignait pas sa majorité ( 50 % de décès ) Nous sommes là en présence d'un taux de mortalité infantile anormalement élevé de 9 sur 14 enfants ( 64 % de décès )

Ces 14 enfants sont nés entre novembre 1745 et septembre 1770, soit une période de 298 mois. Compte tenu de la présence de jumeaux, il y a eu 13 accouchements, ce qui donne une période intergénésique  moyenne égale à 20 mois. Les spécialistes de la santé maternelle et infantile admettent généralement qu'un délai intergénésique inférieur à 24 mois fait courir des risques tant à la mère qu'à l'enfant, et ceci devait être encore plus vrai en 1765  qu'aujourd'hui ou l'hygiène de vie et la protection maternelle et infantile sont sans commune mesure avec ce qu'elles étaient à l'époque. Il faut noter que cet intervalle est réduit par les décès en bas age. En effet, la protection contre une nouvelle grossesse procurée par l'allaitement disparaissant au décès de l'enfant, la mère risque d'attendre plus rapidement un autre enfant. C'est le cas au décès de Pierre à 2 mois : la naissance de Marguerite, l'enfant suivant, intervient 12 mois seulement après celle de Pierre  !!

Cet intervalle de 20 mois anormalement bas explique t il le taux anormalement élevé de décès, c'est peu probable ! La raison doit être de préférence recherchée dans les décès des 3 garçons qui semblent être « hors normes » 


En essayant de trouver des explications possibles à ces évènements, j'ai étudié, outre les décès survenus en 1765 à FRESNAY, ceux des années voisines et finalement, ceux de 2 villages voisins : LOUVILLE la CHENARD et LEVESVILLE. Je voulais vérifier si la même pointe du nombre de décès se retrouvait dans ces villages, aux mêmes dates, ce qui devrait être normalement le cas si cette recrudescence était provoquée par une épidémie.
Ces deux villages sont approximativement de la même importance que FRESNAY : même population, situés à 3 ou 4 kilomètres à vol d'oiseau et donc soumis aux mêmes conditions sanitaires, climatiques, économiques etc..

Loin d'élucider le problème, les choses le compliquent de plus en plus !!! La distribution des années de forte mortalité varie d'un village à l'autre : il ne se dégage aucune tendance, aucune règle !! Il règne la plus grande diversité ! La seule conclusion que l'on puisse tirer pour l'instant est que les décès de FRESNAY sont provoqués par une cause locale  et qui n'est plus valable 3 kilometres plus loin !!!!

LES DECES AUX ENVIRONS, ET DANS LES ANNEES DE LA PERIODE 1760-1770
 
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                                   Moyenne de la période            Moyenne pondérée Totaux
Naissances Fresnay                   27,25                                 27,25             109
Décès Fresnay                          23,43                                 23,43             164
Naissances Louville                   19,75                                 27,65               79
Décès Louville                          17,45                                 24,4               122
Naissances Levesville                19,37                                27,13              155
Décès Levesville                       10,12                                14,18               81

Population estimée
Fresnay 700
Louville 500
Levesville 500

Observations : Estimation de la population : C'est le nombre de mariage de la période multiplié par 25
Moyenne pondérée : C'est le nombre de mariages ou de décès pondéré par  la population pour tenir compte des populations de Louville et Levesville qui sont inférieures à celle de Fresnay
Les chiffres en rouge indiquent les années ou le nombre de décès est supérieur à la moyenne de la période.

On constate que les moyennes des naissances et des décès des 3 villages sont rigoureusement comparables,  à l'exception de la moyenne des décès de Levesville, qui est presque la moitié de celle des 2 autres villages. Cette observation est confortée par une autre portant sur l'age au décès à Levesville. En 1768, il y a eu à Levesville 7 décès, ne concernant que des adultes agés ( entre 64 ans et 81 ans ) , aucun enfant n'est concerné alors  qu'ils sont très nombreux les autres années et dans les autres villages, et que le nombre de naissances à Levesville est comparable à celui des autres villages. Un mystère de plus, pour lequel je n'ai aucune explication !

LES HYPOTHESES SUR LES CAUSES DE CES DECES

On ne peut écarter d'emblée des décès « naturels » qui se seraient produits « par hasard » à 3 jours d'intervalle mais cette probabilité est infinitésimale. Il reste alors parmi les  causes possibles les événements exceptionnels,  « exogènes » : famine, peste, variole, dysenterie, guerre  etc..

Je les ai envisagés un à un, en écartant la plupart comme étant peu probables, voire impossibles :

Famine ?  Impossible ! La dernière famine en France date de 1709 et 1710, 55 ans se sont écoulés. Une disette, due à de mauvaises récoltes, elles mêmes provoquées par des hivers et des étés glacials et humides s'est produite en 1740 et 1741 ? Mais elle n'a provoqué que peu de décès et uniquement parmi les plus démunis, incapable d'acheter le pain,  hors de prix,  nécessaire à leur subsistance ! .
Depuis 1740 et 1741, la France a connu un climat stabilisé, des récoltes correctes, voire abondantes. La situation des paysans en France s'est améliorée, la population française a cru de façon importante.
A l'approche de 1789, d'autres « mauvaises années »  ont été identifiées. Les disettes quelles ont provoquées ont été soupçonnées d'être à l'origine de la Révolution. Elles ont eu des conséquences, certes,  mais leur importance n'est pas aussi déterminante que certains historiens le prétendent !!

Peste ?  C'est fini depuis longtemps! La dernière épidémies française a eu lieu en 1720 à MARSEILLE et a fait plus d 'une centaine de milliers de morts. Mais l'épidémie, grâce à un cordon sanitaire inviolable ( assuré par la moitié des effectifs de l'armée française ! ) a été cantonnée à Marseille et sa région. Depuis, plus rien !! ( A ce sujet, notez que ce cordon sanitaire dont l'existence ne peut être niée constitue un démenti formel à la thèse selon laquelle les rats et leurs puces seraient les vecteurs de la maladie. Un cordon sanitaire, aussi rigoureux soit il n'empêchera pas les rats ( et leurs puces ) de passer. S'ils avaient été les vecteurs, l'epidémie n'aurait pas pu être circonscrite à la région marseillaise. Il est donc pratiquement certain que le mode de propagation de la peste est l'homme lui- même ( ce qui explique en passant pourquoi, selon les observations historiques, les épidémies de peste se propagent plus rapidement en descendant les vallées fluviales qu'en les remontant ) : les voies fluviales étaient à cette époque de routes inexistantes ou en mauvais état, un moyen de transport privilégié.

Guerre ?  1765 est une année où la France n'a pas de conflit sur son territoire! Le règne de Louis XV a été, de ce point de vue, un règne relativement paisible ! La guerre de Sept ans ( 1756-1763) s'est déroulée entièrement en territoire prussien (Leipzig)

Variole ?  L'hypothèse de la variole est plus sérieuse. Les décennies qui précèdent et suivent 1765 sont marquées par une endémie de variole qui provoque de nombreuses victimes en France. Louis XV en fut victime en  1774  . La variole est une maladie terrible, plus redoutable par les marques qu'elle laisse sur ses victimes, sur le visage en particulier, que par son taux de mortalité relativement bas, mais de l'ordre de 10 % des cas néanmoins !! Cette maladie se propage mieux et plus vite en période chaude et sèche. Les cas qui nous intéressent sont survenus en Septembre, après un été marqué par une canicule importante en Juillet, ce qui milite en faveur de cette hypothèse. Beaucoup d'enfants étaient à l'époque victimes de la variole, autant que d'adultes.
Vers 1765, la variole est au centre des préoccupations des Français. Pour tenter d’échapper à la contamination, certains pratiquent
« l’inoculation » qui consiste à se contaminer volontairement pour acquérir l'immunité. C'est dangereux, il y a de nombreux accidents, peu nombreux sont ceux qui courent ce risque. L'inoculation est même interdite dans certaines régions. Le monde paysan ne s'y hasarde pas. L'inoculation reste l'affaire de quelques nobles, de quelques bourgeois et des personnes averties.

Il faudra attendre 1796 et JENNER pour disposer d'un véritable vaccin.

Mais je ne crois pas trop, néanmoins, que la variole soit responsable de ces décès, et pour plusieurs raisons.

Le fait que les 3 enfants soient décédés à 1 ou 2 jours d'intervalle élimine automatiquement la contamination intra familiale : la variole n'est contagieuse que dans sa phase terminale et sa période d'incubation est de l'ordre de 10 à 14 jours. Les éruptions cutanées n'interviennent qu'au bout de 4 à 5 jours après l'apparition d'une forte fièvre. Il faut attendre la maturité des pustules pour que la maladie devienne contagieuse par dissémination dans l'air de particules de peau qui peuvent être inhalées par ceux qui approchent le malade ou manipulent son linge et sa literie.

Les enfants n'ont donc pas pu se contaminer mutuellement « à domicile » et ils devraient donc avoir été contaminés, plusieurs semaines avant leur décès, tous en même temps, à l'extérieur de la famille. C'est possible mais peu probable. Il faudrait en outre qu'ils aient contracté tous  la forme la plus grave de la maladie, responsable des 10% de décès,

La dysenterie , la typhoïde ou le choléra
? C'est, et de très loin, l'hypothèse que je privilégie !! Et elle s'appuie sur un élément d'importance : la région a connu, en 1765, au mois de Juillet, un épisode caniculaire important avec des températures allant jusqu'à 40 degrés.

ANNEE
EVENEMENT CLIMATIQUE OU SANITAIRE


1757
Canicule le 14/07  =  37°7
1758

1759
Canicule le 18/07   =  37°7
1760
Canicule
1761
Canicule
1762
Canicule
1763

1764
Verglas en décembre, canicule le 22/06
1765
Canicule 40°
1766
Hiver très froid
1767

1768

1769
Disette
1770
Disette
1771

1772
Epid. variole, grippe et typhoïde, canicule le 24/06
1773
Epid.variole, grippe et typhoïde, canicule le 14/08
1774

1775
Famine
1776
Typhus et dysenterie
1777

1778

1779
Dysenterie
1780
Dysenterie


L'hypothèse que je fais est la suivante :

Cette canicule a provoqué un assèchement relatif, ou une baisse de niveau, des puits auxquels s'approvisionnaient les habitants de Fresnay.

Ces puits étaient peut être pollués par la proximité des tas de fumier des fermes du village. Les habitants avaient à cette époque la mauvaise habitude d'installer, pour des raisons de commodité, les tas de fumier à proximité des étables et écuries, elles mêmes, pour les mêmes raisons, à proximité des habitations.

Il ne faut pas perdre de vue que Fresnay à cette époque, n'était pas, comme aujourd'hui, un groupe de fermes consacrées uniquement à la production de céréales. Les cultures étaient plus diversifiées qu'aujourd'hui. Bien entendu, la mécanisation était inexistante et chaque ferme avait des chevaux et/ou des bœufs pour le travail de la terre, le labour, le transport etc... Il y avait probablement du bétail pour la production de lait et de viande ( une laiterie « industrielle » a été créée au début du siècle à FRESNAY ), et les habitants élevaient probablement chacun un ou deux porcs pour leur consommation personnelle. Il y avait donc des déchets qui étaient soigneusement conservés en tas car ils constituaient un engrais efficace et gratuit indispensable.

Les enfants, Pierre, Louis, Étienne étaient, compte tenu de leur  âge, des buveurs d'eau ! Les plus petits étaient protégés par l'allaitement, les adultes consommaient peut être des boissons alcoolisées, même légèrement ( vin, cidre, « piquette » ) qui les ont protégés des bacilles de la dysenterie en désinfectant leur boisson !.

Ecoutons les remarques et les conseils que donnait un médecin de l'époque à ce sujet :

… « La cinquiéme cause à laquelle on ne pense guère, et qui produit en effet des accidens moins violens, mais qui nuit cependant trés réellement, c'est l'usage ordinaire, dans presque tous lesVillages, d'avoir les courtines ou fumiers précisément dessous les fenétres : il s'en exalent     continuellement des vapeurs corrompues, qui, à la longue, ne peuvent que nuire et contribuer à  produire des maladies putrides. Ceux qui sont accoutumés à cette odeur, ne s'en aperçoivent plus; mais la cause n'en agit pas moins et ceux qui n'y sont pas accoutumés, jugent de toute la force de l'impression. »

... » Il y a des Villages dans lesquels, aprés que les courtines ou fumiers sont enlevés, on conserve les mares dans la méme place. L'effet en est encore plus dangereux; parce que cette eau corrompue, qui croupit pendant toutes les chaleurs, laisse exhaler ses vapeurs avec plus de
facilité, et plus abondamment que les fumiers. Etant allé à Pully le grand en 1759, à l'occasion d'une fiévre putride epidémique, qui y faisoit des ravages, je sentis en traversant le village,  l'infection de ces mares, et je ne pus pas douter qu'elles ne fussent la principale cause de cette  
maladie, et d'une semblable, qui y avoit régné cinq ans auparavant; le village est d'ailleurs dans  une exposition saine. Il seroit à souhaiter qu'on previént ces accidens en renonçant aux mares, ou  du moins en les éloignant, ainsi que les fumiers, le plus qu'il est possible du lieu que l'on habite, et  
où l'on couche. »

... » La mauvaise qualité de l'eau est encore une cause ordinaire des maladies dans les campagnes.  Les eaux sont gâtées par le terrein, dans lequel elles passent et séjournent, comme lorsqu'elles  coulent et reposent sur des bancs de coquilles, ou elles deviennent nuisibles par le voisinage ou  
l'égout des fumiers et des mares. »  

... » Il arrive souvent que les eaux des puits publics soient infestées par un limon qui est au fond,  et par des animaux qui y tombent et s'y putréfient.. »  

Source : "Avis au peuple sur sa santé, ou traité des maladies les plus fréquentes", par  M.TISSOT, médecin, membre des Sociétés de Londres et de Béle, etc.; seconde édition,augmentée sur la derniére de l'Auteur, de la description et de la cure de plusieurs maladies et principalement de celles qui demandent de prompts secours. Edité à Paris, aux dépens de P. Fr.DIDOT le Jeune, quai des Augustins, à Saint-Augustin, "Avec approbation et privilége du Roi",1763, pages 1 à 16 ( 1 à 13).  

Il n'y a plus trace de puits public à Fresnay mais il en existe encore un à Louville. Il y avait par contre des mares à FRESNAY, qui avaient un rôle d'abreuvoir. Il en existe encore une, envasée et pleine de roseaux,  à l'une des sorties de Fresnay, en direction d'Ymonville. Ces mares ont été le plus souvent comblées par les municipalités et transformées en Jardin Public, terrain de boules ou simplement engazonnées !

Que ce soit la fièvre typhoïde ( provoquée par des salmonelles dont la prolifération rapide entraine une septicémie qui peut etre mortelle dans 30 % des cas ou la dysenterie bacillaire provoquée par la shygella, très contagieuse, ces maladies ont pour origine des eaux souillées et des aliments corrompus. Les fortes chaleurs et le manque de moyens de conservation (froid, aperisation, congélation) qui n'étaient pas disponibles en 1765 favorisent ces maladies. La seule méthode disponible en 1765 ( noter que le fumage n'apparaitra que plus tard ) était le salage ( utilisé pour la viande, le beurre, et le fromage ) Ceci qui rendait plus odieux encore la gabelle dont les droits exhorbitants suprimaient pratiquement tout moyen de conservation des aliments et en obligeait la consommation immédiate, rendant impossible la constitution de reserves alimentaires de précaution.

L'hypothèse que je retiens, avec prudence, est que ces enfants sont décédés d'une de ces maladies diarrhéïques à une époque ou l'on ne savait ni traiter, ni diagnostiquer ces infections, dont on ne connaissait pas les causes et que l'on classait dans la vaste catégorie des « fièvres ». Deux de ces maladies, la typhoïde et le choléra sont très dangereuses, avec des taux de mortalité qui devaient être, pour l'époque,  très importants.

Compte tenu du nombre de décès survenus en Septembre 1765, série bien plus importante que la moyenne des autres années, il est probable qu'une partie de ces décès est à imputer à ces infections, décès qui s'ajoutent, bien entendu, aux décès dits  « normaux » même si cet adjectif semble saugrenu. En d'autres termes, aux décès qui constituent le fond statistique constant du village, en dehors des évènements exceptionnels.

Il y a eu 34 décès à Fresnay l'Eveque en 1765, dont 10 au cours du mois de septembre ( 1/3 du total pour 1/12 ème de la durée ) Sur ces 10 décès, un seul concerne un adulte de 60 ans, tous les autres sont des enfants d'ages variés, les 2 plus agés ayant 14 et 15 ans, le plus jeune 5 semaines.

POUR TENTER DE CONCLURE

Après cette « enquête » quasi policière, redevenons prudents. Il n'y a malheureusement aucun moyen de vérifier cette hypothèse.. De plus, la comparaison avec les autres villages et les autres années a amené de grands doutes. Regardez les tableaux des décès des différents villages et années et les questions fusent.

Si la maladie est la cause des décès de Fresnay, pourquoi dans les autres villages, situés à 3 ou 4 kilometres, pour cette année là, n' enregistrons nous pas un nombre de décès identique. Au contraire, le nombre des décès les concernant est égal voire inférieur à la moyenne.

Et pourquoi ces villages enregistrent des décès en nombre supérieur à la moyenne, mais dans d'autres années que leurs voisins.

Enfin, en 1768, les 7 décèdés de Levesville sont exclusivement des gens agés, à l'exclusion des enfants qui sont pourtant habituellement si nombreux dans les contingents de décédés. Et le nombre de décès à Levesville, quelle que soit l'année,  même après pondération , est toujours inférieur aux nombres de décès des autres villages Pour quelle raison ?

La seule année « normale » qui ne pose pas de questions de ce point de vue est 1766 où, dans tous les villages, on constate une recrudescence de décès. Ces décès étant survenus au cours des premiers mois de l'année, il semble là que nous ayons une corrélation parfaite avec  « l'hiver très froid » signalé. Les décès en surnombre ont été provoqués par les maladies de toutes sortes dues au froid : maladies pulmonaires, grippes, bronchites etc...

Voilà au moins quelque chose qui semble tenir  la route !!

Rédaction achevée le 2 Février 2012
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Message par CHYVER Mer 27 Avr - 21:11

La structure des tableaux n'a pas été captée par le copie/coller. J'aurais du faire un "collage spécial"
Cela reste lisible, mais limite !!
Sorry !
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Message par LUG13 Mer 27 Avr - 21:45

De l'interêt de creuser ( même en généalogie ) 4000565152
Bravo pour les recherches

Je débute ma généalogie familliale
Malheureusement nos anciens ne parlaient pas de leurs aïeux, donc maintenant je comprend un peu, pourquoi certains de ma famille se retrouvent coiffeur, menuisier, boulanger, marins  Est ce que ça serait dans les gènes ??

Quand j'en parle avec mes frangins, je dis que ça n'est plus de la généalogie, mais de l'archéologie

Que de problèmes.
Issus  de personnes venant  de divers horizons, d'Espagne, Bretagne, Catalogne, immigrés en Algérie, pour les plus anciens en 1842, j'arrive à retrouver certains de mes ancètres sur des site de généalogie  "" Pieds Noirs ""
De là j'en ai retrouvé en Espagne
J'ai pu remonter un peu les traces de mon grand père maternel ou lui après avoir été marin mais coupant les cheveux et rasant tout les personnels à bord des bateaux,  sont père, son grand père et arrières grand père étaient coiffeur barbier
Du côté de mon arrière grand père maternel, lui est meunier- chevrier, ses enfants boulangers, une de ses filles, ma grand tante c'est mariée avec un boulanger et ses 4 garçons sont boulanger ( C 'est étonnant, que malgrès les non-dit, j'ai la passion pour les moulins J'avais toujours rèver vivre dans un moulin et garder les chèvres, ou être marin, une de mes passion!!.... la pêche)
Du côté de mon Père , mes aïeux , pour certains, ils sont des journaliers qui travaillent dans les fermes, sont batisseurs de murs en pierre sèche ou menuisier ( ça je le tiens de mon père qui m'en avait vaguement  parlé )
Mais là, l'avancée dans mes recherches  se compliquent
Archives brulées pendant la Guerre d'Espagne, des noms avec différentes orthographes
Du coup, au mois de juin nous partons suivre les traces de ceux que j'ai pu retrouver
On verra bien sur place
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Message par Le Nain Jeu 28 Avr - 4:36

L'écart entre les enfants est un peu bas, mais il n'est pas choquant. L'allaitement maternel produit un arrêt de l'ovulation et le sevrage de l'enfant fait recommencer le cycle.

Pour le reste, nous sommes réduit aux hypothèses, mais une épidémie familiale n'est pas à exclure. Le journalier fait partie de la classe la plus basse de la société, et je trouve que cette famille ne s'en est pas trop mal sorti. J'ai un exemple d'une famille de la fin du XIXe où il n'y eut qu'un survivant sur dix enfants.

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Message par Le Nain Jeu 28 Avr - 7:58

Il faudrait peut être envisager le feu Saint Antoine, l'ergotisme, champignon se développant sur l'orge, qui touchait les familles pauvres. Mais c'est un peu tôt dans la saison, cela se produit généralement à la soudure.

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Message par PAT13 Jeu 28 Avr - 8:08

Bravo CHYVER pour ce travail de détective , je le trouve très intéressant pour ma part , j'aime bien les réflexions poussées ne s'arrêtant pas seulement à une seul écrit ou constatation.
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Message par damau Jeu 28 Avr - 9:09

Un travail de recherches qui force l'admiration ! Bravo !!! Je fais aussi des recherches généalogiques mais pas aussi exhaustives.
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Message par TYTY Jeu 28 Avr - 13:52

recherches captivantes
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Message par olivierh Jeu 28 Avr - 18:25

A la mort du père, en 1778, il restait deux enfants à charge, Elisabeth (12 ans) et Jacques (8 ans).
il restait également en vie une fille et deux fils adultes.
Est-ce qu'on sait quel métier a pu faire la veuve pour subvenir aux besoins de la famille ? A moins que les fils adultes n'aient aidé financièrement leur mère ?

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