Après 1914 1918, voici des éléments sur la guerre 39-40 : la drôle de guerre !!

La France a perdu la guerre 39-40. Certains la qualifient  de drole de guerre, même si d'autres prétendent que les Français se sont courageusement battus !!!
Et pourtant !! La lecture de ces quelques extraits est édifiante !! Ils proviennent du journal de marche inédit pais authentique, rédigé en captivité, en 1940, par le capitaine adjoint au chef de corps d'un groupe de reconnaissance de l'Armée Française. Je vous fait grace du détail du long récit de 9 mois de campagne dans les Ardennes et en Belgique face aux envahisseurs allemands. Mais on y apprend un certain nombre de faits qui expliquent en partie cette défaite !!! A vous de juger !!


                                                       Mon père est né le 13 Juin  1907.

Appelé sous les drapeaux le 10 Mai 1928 par le Bureau de recrutement de DREUX il est libéré le 15 octobre 1929.

                   Lors de la déclaration de guerre contre l'Allemagne, en 1939,

                 il est appelé sous les drapeaux, au titre des troupes de reserve, le 8 septembre 1939,

et affecté au 64 eme GRDI ( Groupement de Reconnaissance de Division d'Infanterie ). Il a le grade de Brigadier.

                      Après 9 mois de campagne en Belgique et dans les Ardennes,

il est fait prisonnier par les allemands le  14 juin 1940 à St Loup de Buffigny, près de Nogent sur Seine

après une longue marche de plus de 200 kilomètres, qui le conduira à Cateau-Cambrésis, près de Cambrai, il sera, lui et ses compagnons, embarqué dans des trains à destination de l'Allemagne le 24 Juin 1940 et interné au Stalag VIII C à Sagan, Prusse orientale ( actuelle Pologne )

                                                Il est libéré le 20 mai 1945

Les pages qui suivent sont issues d'un cahier d'écolier « LE SPORTIF »  sur lequel ma mère  a recopié, à la main, le récit de campagne du Capitaine HOLLIER, adjoint du Lieutenant Colonel MALLET, commandant le 64 ème GRDI, unité dans laquelle mon père a été incorporé en Octobre  1939.

"Journal du G.R.D.I 64 fait au camp de GROSSBORN par le Capitaine HOLLIER, capitaine adjoint et approuvé par le Lieutenant Colonel MALLET, Commandant le G.R.D.I 64"



"Le GRDI 64 du Groupe de Reconnaissance de la  55 ème Division d'Infanterie a été formé à Orléans. Il était mobilisé par les soins du GMG 5 et composé d'éléments originaires du Centre (Orléans, Touraine ).
Exception faite du Lt Colonel MALLET, Commandant le GR et du Médecin Capitaine PAGES, tous ses officiers appartenaient au cadre de réserve.

"Les opérations de mobilisation ont fait ressortir des déficits en armement : armes anti-chars et matériel d'optique. Le GR était armé de mousquetons 1916.  Au lieu de 4 canons de 25 réglementaires ( 2 hippo et 2 sur camionnette ) il a reçu seulement 1 canon de 25 hippo et 1 canon de 37 porté. Le 37 provenait du matériel d'instruction du 8 ème régiment de chasseurs, le canon de 25 n'avait pas de lunette."


" L'habillement était entièrement neuf, mais n'a pas permis d'habiller la totalité de l'effectif, culottes et vareuses étaient toutes de petite taille. De nombreux hommes ont du être munis seulement de tenues de toile, en particulier la presque totalité de l'EMC. Des vêtements de drap furent touchés par la suite, mais les quantités percues n'ont jamais permis d'habiller corresctement l'effectif complet."

"Les chevaux, tous de requisition étaient des animaux de trait, peu aptes au service de la cavalerie, tous les harnachements ont du être munis de rallonges de sangles.
Le matériel auto, uniquement de requisition aussi manquait totalement d'homogénéité.
L'escadron moto a touché seulement 5 side cars sur 55 et a été formé de la façon suivante.
2 pelotons sur motos solo
2 pelotons portés sur camionette
ce qui changeait totalement les possibilités d'utilisation de ces escadrons. L'EMc et les trains étaient dotés de camions et camionettes de nombreux types et en général d'état mécanique déficiant. En plus, un déficit initial de   ???  existait au départ d'Orléans. "  

"Depuis l'entrée en campagne, l'armement du GR n'avait pas été amélioré. Il disposait en plus de son canon de 25 et de son canon de 37, de 2 fusils anti-chars anglais de 13,8 mm qui n'avaient pu être essayés faute de munitions d'instruction. Le matériel automobile avait été durement éprouvé par un hiver rigoureux ( -26 °). Le déficit en tonnage atteignait 22 tonnes. L'atelier de réparation automobile avait perdu ses meilleurs ouvriers envoyés à l'intérieur comme affectés spéciaux."

ETC... ETC...   Si l'on ajoute à cela le coté insolite de ce Groupement de reconnaissance, hybride,  équipé de chevaux de trait, de camionettes vétustes et de motos que l'on a peine à imaginer, il n'est pas surprenant que la résistance à l'avance allemande, même si elle a été héroïque, ait manqué d'efficacité. Devant eux se trouvaient les panzer du général Guderian ( déjà là ! en attendant mieux en Russie ) et les STUKAS !!

Cela a couté, à mon père et à ses camarades , 5 ans de privation de liberté dans les stalags de Prusse orientale et de Pologne et 5 ans de patates gelées....

le grade de brigadier n'existe que dans les armes montées, dites "à cheval". Dans l'infanterie, le grade équivalent est caporal.(la gendarmerie est un cas à part)
S'il porte le grade de brigadier, c'est qu'il a dû faire son service militaire au 30eme dragon.

le 30e dragon a été dissous en 39 pour donné naissance aux groupes de reconnaissance :

     Le 2e escadron devient le 8e Groupe de Reconnaissance de Corps d'Armée (8e GRCA),
     Le 1er escadron devient le 37e Groupe de Reconnaissance de Division d’Infanterie (37e GRDI),
     Le 4e escadron devient le 44e Groupe de Reconnaissance de Division d’Infanterie (44e GRDI),
     Le 5e escadron devient le 45e Groupe de Reconnaissance de Division d’Infanterie (45e GRDI)

le 64eme GRDI a été formé à Orléans à partir des effectifs du 5eme centre mobilisateur de cavalerie.

Voici l'insigne du 64eme GRDI (on note les deux sabres croisés, se rapportant à la cavalerie)
L'insigne est une re-frappe tardive du musée de Saumur

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une photo du capitaine Hollier

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sur [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

sur les causes et les raisons de la défaite française, un dossier qui me parait clair et bien pensé : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
N'oublions pas que la Wehrmacht avait l'expérience du combat, et que les unités étaient parfaitement rodées et bien équipées, après la guerre d'Espagne (légion Condor; 10 000 militaires allemands au plus fort de la guerre), l'Anschluss, les Sudètes et surtout la campagne de Pologne.

L'armée allemande est relativement faible. Elle a un noyau de 10 Panzerdivision, quelques divisions motorisées, mais le reste est du même niveau que les divisions françaises, infanterie à pied et moteur à crottin. C'est au niveau de la pensée militaire que la différence se fait, le front linéaire pour les Français, le point d'application, le Schwerpunkt pour les Allemands. Une fois la perçée faite, il sera impossible aux premiers de rétablir le front, par manque de réserves d'une part, et parce que tout va trop vite. Joffre avait eu le temps de se replier parce que l'armée allemande ne pouvait pas aller plus vite que la française, mais en 1940, la Wehrmacht va beaucoup plus vite, désorganisant les arrières alors que ses unités d'infanterie suivent de loin.